13

 

Taylor partit au Centre de justice criminelle en emmenant avec elle la documentaliste du Tennessean. La jeune femme était en état de choc ; assise sur le siège passager du pick-up, elle regardait droit devant elle et ne décrochait pas un mot. Un léger frisson la parcourait régulièrement, partant de sa tête pour descendre vers ses orteils puis refaire le tour. Taylor savait qu'elle ne tremblait pas à cause du froid

— Daphné..dit-elle avec douceur.

La jeune fille tourna vers elle un regard complètement vide. Les verres de ses lunettes se teintèrent de mauve en reflétant la lumière de la neige.

— Daphné, répéta Taylor, tout va bien se passer. Restez avec moi, d'accord?

— C'est ma faute, marmonna-t-elle.

— Pourquoi ce serait votre faute ?

— Jane était fâchée. Mon petit ami est venu à la maison alors que c'était un « soir d'école ».

Elle encadra l'expression de guillemets dessinés dans l'air.

— C'est pour ça qu'elle est sortie ?

Elles arrivaient au Centre, mais Taylor voulait passer quelques minutes de plus en tête à tête avec Daphné. Elle continua donc tout droit sur Broadway et traversa le quartier par le chemin le plus long, louvoyant entre les bars et les boîtes de nuit. Daphné ne reprit la parole que juste avant d'arriver au Centre.

— Elle a pris un livre à moi dans la bibliothèque et elle est partie en claquant la porte. Je ne voulais pas que ça arrive. Je suis tellement désolée... J'aurais dû appeler la police dès que j'ai vu qu'elle n'était pas rentrée. Je me suis dit qu'elle était fâchée et qu'elle avait décidé de dormir chez Skip, quelque chose comme ça.

— Skip? dit Taylor. Daphné roula les yeux.

— Un type qui lui court après depuis qu'elle est arrivée à Nashville. Elle est sortie avec lui quelques fois cet été, mais ils sont amis, pas plus. Il l'agace.

— Savez-vous comment le joindre, Daphné? La jeune fille se tourna brusquement vers Taylor.

— Vous croyez que Skip est dans le coup?

— Non, je veux juste lui parler. Avec un peu de chance, il ne s'est rien passé du tout. Votre colocataire a simplement passé la nuit ailleurs. Mais si vous avez un moyen d'entrer en contact avec lui...

Daphné baissa la tête. Des larmes dégoulinaient de son petit menton pointu.

— C'est Jane qui a son numéro. Je ne le connais pas.

— O.K. Ce n'est pas grave. Ne pleurez pas, on va se débrouiller.

Taylor se gara dans un emplacement derrière le Centre et entraîna la jeune fille vers le côté du bâtiment et l'escalier de service. Il faisait une chaleur étouffante dans le couloir, et l'air était à peine plus respirable dans le bureau des homicides.

Elle installa Daphné, toujours en larmes, dans son bureau, puis fonça vers les toilettes des dames. Après s'être éclaboussé le visage d'eau et recoiffée, elle se sentit un peu plus humaine. D'un seul coup, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas pensé à son mariage depuis des heures, et cela la fit sourire.

Ses bottes faisaient un bruit de fer sur le linoléum, un rythme répétitif qui se grava dans sa tête. Claquant des doigts en mesure, elle revint vers le bureau des homicides et se heurta à un mur.

Un mur humain, en fait Surprise, Taylor fit un pas en arrière. La porte était barrée par une grande fille rousse qui lui tournait le dos et s'appuyait d'un bras contre l'encadrement, comme pour dire qu'il faudrait lui passer sur le corps avant d'entrer dans le bureau.

L'impact fit avancer l'inconnue de quelques centimètres. Elle se retourna en grimaçant puis, voyant qui venait de la percuter, eut un sourire ironique.

— Vous devez être Taylor Jackson. Charlotte Douglas, du FBI.

Charlotte lui tendit la main et Taylor la serra. Elles se dévisagèrent calmement. Charlotte ne bougea pas d'un millimètre. Taylor lâcha sa main et s'éclaircit la gorge : Charlotte continuait à la fixer du regard.

— Excusez-moi, dit-elle enfin.

— Oh, pardon... Suis-je bête ! Je ne voulais pas vous gêner, lieutenant.

Mais elle ne bougeait toujours pas. Taylor plissa les yeux.

— Ça suffit, Charlotte, dit une voix d'homme.

Les yeux de Charlotte étincelèrent, et elle se poussa juste assez pour laisser passer Taylor. Celle-ci entra en lançant un regard meurtrier à John, installé à une table devant l'entrée du bureau de Taylor. Il sauta sur ses pieds et tenta de l'arrêter, mais en vain. Sur le seuil de son bureau, elle se retourna vers rentrée.

— Madame Douglas, je...

— Docteur Douglas.

Le ton froid et impérieux de la jeune femme était calculé pour intimider, mais il ne fit qu'exaspérer davantage Taylor.

— Très bien. Docteur Douglas, je serai à vous dans un petit moment. Pour l'instant, je dois m'occuper d'une urgence. Faites comme chez vous.

Elle se tourna vers John.

— Je peux te parler un instant?

Elle entendit Charlotte glousser tandis que John entrait dans son bureau et fermait la porte derrière lui. Il voulut dire quelque chose, mais Taylor le coupa.

— Je n'ai pas le temps pour des préliminaires. Je suppose que tu viens d'arriver?

— Depuis deux minutes. Et ça fait déjà une demi-heure que je me la trimballe. Plus vite on la laisse faire son exposé, plus vite on pourra s'en débarrasser.

Il se passa la main dans les cheveux d'un air las, les dressant en épis qui partaient en tous sens.

— Compris. Mais on a un nouveau développement. Un petit geignement monta du fauteuil de Taylor.

— Voici Daphné Beauchamp, dit-elle à John. Sa colocataire, Jane Macias, a disparu. Elle correspond à notre profil.

En une vingtaine de minutes, la jeune documentaliste sophistiquée avait laissé place à une petite fille perdue.

— Daphné, voici le Dr John Baldwin, profileur au FBI. Il travaille avec nous sur l'affaire Blanche-Neige. Il aurait besoin d'en savoir plus sur Jane. Vous seriez d'accord pour nous en parler un peu ?

Daphné se redressa et tenta de se ressaisir.

— Bien sûr, je... Je ne sais pas par où commencer. Jane, c'est une fille géniale. Très intelligente, un chemin tout tracé dans la vie, vous voyez ce que je veux dire ? Son rêve, c'est d'être une journaliste d'investigation à l'ancienne, une dure-à-cuire qui met son nez partout. Du genre à faire tomber des gouvernements et à changer le cours de l'humanité...

Taylor observait la jeune fille de près.

— Vaste programme, dit-elle. Vous l'en croyez capable ?

— Euh... oui. Elle est brillante, elle écrit merveilleusement bien. Je... comment dire ? Je l'admire. Elle a tout ce qu'il faut pour réussir. Elle a fait journalisme à Columbia, c'est ce qu'il y a de mieux. Elle a écrit pour le journal de la fac, vendu quelques articles au Times... c'est une grosse tête.

Daphné jouait distraitement avec un crayon qu'elle avait pris sur le bureau de Taylor. Tac, tac, tac, tac, tac, tac...

— Mais qu'est-ce qu'elle fait ici ? demanda Taylor. Si elle est vraiment si douée, elle aurait dû se faire embaucher par un grand journal, non ?

— Non, non, c'est son choix à elle. Elle a voulu partir de New York pendant un an pour élargir ses horizons. Elle est venue à Nashville parce qu'elle est complètement obsédée par John Siegenthaler.

Tac, tac, tac, tac.

Taylor lui confisqua le crayon.

— Siegenthaler Senior? dit-elle. Il n'est pas un peu vieux pour elle ?

Daphné la regarda d'un air ébahi, puis elle se mit à sourire pour la première fois depuis que Taylor l'avait rencontrée.

— Non, je ne veux pas dire qu'elle est amoureuse de lui. Elle l'admire intellectuellement, elle veut suivre ses traces. Evidemment, le Tennessean n'est plus à la pointe du journalisme d'investigation. Tout le monde sait que...

Taylor lança un regard à John en rangeant le crayon dans le porte-crayon. Il comprit l'allusion et posa la question suivante.

— Jane est de New York?

— Oui, c'est une fille de la grande ville. Du Nord, en plus, ça s'entend tout de suite. Elle a un accent léger, mais qui fait très classe. Elle se fait toujours charrier par les serveurs.

Tant mieux, pensa Taylor. Plus elle sortait du lot, plus il y avait de chances pour que quelqu'un l'ait remarquée et s'en souvienne.

— Vous avez une idée, Daphné, de l'endroit où elle a pu aller hier soir ? Vous avez dit qu'elle était fâchée parce que votre petit ami venait à la maison. Elle partait toujours quand il était là?

— Oui. Elle prend Zac pour un demeuré parce qu'il est footballeur. Il est loin d'être bête, mais elle le snobe. Elle est comme ça, c'est une intello pur jus. En fait, elle a du mal à Nashville. Elle a tendance à agacer ses collègues au journal. Elle est brillante, mais des fois, ce n'est pas la peine de le faire savoir à tout le monde en permanence.

— Qui est agacé par elle?

— Oh, tout le monde. Elle ne sait pas caresser les gens dans le sens du poil. C'est son côté Yankee. Vous savez comment ça se passe, ici... Les gens ne supportent pas qu'on la ramène. Surtout une jolie jeune femme... Ça fait tout de suite des problèmes.

— Vous avez une idée d'où elle a pu aller, ce soir-là ?

— Non. Je sais que, des fois, elle allait travailler sur son portable au Starbucks, mais hier, elle l'a laissé à la maison. Elle a pris un livre et elle a filé vers la porte. Sur le coup, je ne me suis pas inquiétée. Elle est comme ça : elle a besoin de calme, et Zac est un peu chahuteur. Surtout pendant la saison, il est surexcité. Mais depuis que les Titans l'ont mis en équipe B, il est à plat. On pensait juste boire un verre, regarder un film, ce genre de chose. Elle n'avait pas besoin de partir. Je crois qu'elle était tout simplement de mauvaise humeur.

— Elle boit beaucoup ?

— Pas vraiment. Elle est du genre à prendre quelques bières dans un bar, ou du vin, jamais d'alcools forts. C'est une fille très comme il faut, dans le fond.

— Elle parle souvent à ses parents ?

— Pas que je sache. Elle n'est pas très proche de sa famille, ça j'en suis sûre. Je pense que son père est mort, elle parle toujours de lui au passé. Elle avait une photo de lui dans sa chambre, à un moment, mais je ne l'ai pas vue récemment. Sa mère a dû se remarier — un jour, elle a laissé un message, et elle n'avait pas le même nom que Jane. Mais elle ne parle pas beaucoup de tout ça. On n'a jamais vraiment discuté de sa famille.

— Etonnant, pour des colocataires.

— Pas vraiment. On s'est rencontrées sur Craigslist. Je cherchais une colocataire d'urgence, on se connaissait à peine quand elle a emménagé. On n'habite ensemble que depuis le mois de septembre, et il nous arrive de passer plusieurs jours sans se croiser. On n'est pas super proches.

— D'accord. Daphné, je vais vous faire raccompagner chez vous par un policier. Vous allez rassembler quelques affaires à nous confier, puis il pourra vous ramener au travail, si vous voulez. J'aimerais que vous lui donniez l'agenda de Jane, si vous le trouvez, et toutes les photos que vous avez d'elle. Ainsi que son ordinateur portable.

— JJ est protégé par un mot de passe. Vous n'arriverez pas à l'ouvrir.

— Nous avons l'habitude de ce genre d'opération.

— Mais Jane ne supporte pas qu'on touche à ses affaires !

— On se chargera de le lui expliquer, d'accord ? Nous en prenons l'entière responsabilité. Et si vous avez de ses nouvelles, vous m'appelez immédiatement. Vous allez voir, tout va s'arranger.

— Ça m'étonnerait. Ce pervers aime faire du mal aux filles. Une fois qu'il les a enlevées, il ne les laisse pas s'échapper.

Les yeux de la jeune fille se remplirent de larmes, et Taylor posa une main sur son épaule.

— Ecoutez, ce ne sont que des suppositions. Vous qui travaillez pour un journal, vous savez qu'il faut se fonder sur les faits. On va s'occuper de retrouver Jane, tout va bien se passer.

Je l'espère, pensa Taylor. Je l'espère vraiment.

Un policier en uniforme vint emmener Daphné. Taylor resta quelques instants à regarder John marcher de long en large dans le bureau. Deux pas, un quart de tour, deux pas, un quart de tour. On aurait dit un lion de cirque dans une cage trop petite.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? dit-elle enfin.

— Qu'est-ce qui va? rétorqua-t-il.

— Tu n'exagères pas un peu ?

— Tu plaisantes ? Au lieu de passer une des meilleures semaines de notre vie, on est en train de courir après un détraqué. On a une garce dans la salle d'attente qui trépigne à l'idée de nous annoncer je ne sais quelle nouvelle catastrophique, on a une jeune femme disparue, et moi, tout ce dont j'ai envie, c'est de monter dans un avion dimanche matin et de passer trois semaines à boire du vin, à manger des carbonara et à faire l'amour jusqu'à ne plus pouvoir marcher.

— Hum... Ça n'a pas l'air si mal, présenté comme ça.

Il s'immobilisa et lui fit face.

— Tu es prête à affronter la reine des glaces ?

— Docteur ou pas, Charlotte Douglas ne me fait pas peur, John. On y va?

— Rien ne te fait peur, à toi, grommela-t-il. Si seulement c'était vrai...

Charlotte Douglas se trouvait à l'endroit exact où Taylor l'avait laissée un quart d'heure plus tôt. Elle observait Marcus et Fitz en battant des cils. Lincoln s'était réfugié derrière son bureau, et Taylor lui accorda un bon point pour n'avoir pas succombé aux charmes de l'intruse. Elle avait horreur des femmes comme Charlotte, qui croyaient que leur pouvoir résidait entre les jambes. Taylor savait, pour sa part, qu'il se trouvait entre ses deux oreilles et dans l'étui sanglé à sa ceinture. Elle ne s'était jamais cru obligée de minauder pour obtenir l'attention du sexe opposé.

Lorsqu'elle s'éclaircit la gorge, Charlotte s'interrompit au milieu d'une phrase et se retourna. Elle portait une veste en tweed impeccablement coupée, une jupe entravée et des bottes en veau marron — l'ensemble devait coûter plus que l'échéance mensuelle du pick-up de Taylor. Ses cheveux auburn étaient coiffés en chignon, son maquillage parfait. Bref, une fille qui coûtait cher à l'entretien. Très belle, si l'on aimait le style pâle et froide. Ce n'était pas le cas de Taylor.

— Docteur Douglas, si vous êtes prête, nous pouvons aller dans la salle de réunion.

Les yeux de Charlotte pétillaient.

— Il en a enlevé une autre ?

— Rien ne l'indique pour l'instant. Venons-en plutôt à votre présentation. Je suis curieuse de savoir ce qu'il y a d'assez excitant pour que vous ayez éprouvé le besoin de nous l'annoncer en personne. Après vous.

Si tu crois que je vais te confier quoi que ce soit sur mon enquête, tu te plantes, sale garce! dit-elle du regard à Charlotte.

Toi aussi, tu peux aller te faire foutre, lui répondit le regard de la profiteuse.

Puis Charlotte rejeta la tête en arrière et quitta la pièce. Taylor, John et le reste de l'équipe la suivirent à la queue-leu-leu jusqu'à la salle de conférences, où les attendait une jeune femme à la peau chocolat. Une présentation Powerpoint s'affichait déjà sur le mur.

Charlotte s'installa en bout de table.

— Voici le Dr Pietra Dunmore, l'expert médico-légal chargée de l'affaire. Elle va vous présenter ses conclusions au sujet des échantillons ADN que vous nous avez envoyés. Allez-y, Pietra.

Ce qu'elle pouvait être condescendante ! Taylor aurait préféré mourir que de parler sur ce ton à un subalterne. Mais l'experte ne parut pas s'en apercevoir. Ou alors elle s'en moquait complètement.

L'équipe des homicides prit place. Taylor vit le regard tout miel de l'experte glisser sur Lincoln tandis qu'il s'asseyait —et Lincoln rougissait ! Nom d'un chien, elle allait devoir envoyer tout le monde à la douche froide, après le départ de ces deux femmes...

— Excusez-moi, Charlotte, dit Taylor. Elle avança vers la jeune femme noire.

Taylor Jackson, dit-elle. Merci d'être venue jusqu'ici nous parler de ce que vous avez découvert.

Impossible de lire quelque chose dans ces yeux magnifiques, mais Pietra acquiesça poliment en serrant la main de Taylor. C'était déjà ça.

— Vous avez fait la connaissance de notre équipe ? Pietra ouvrit la bouche, mais avant qu'elle n'ait dit un mot, Charlotte s'interposa.

— Nous ne sommes pas à un tournoi de bridge, lieutenant. Inutile de perdre davantage de temps.

Le visage de Pietra se referma. Elle s'éloigna vers le fond de la pièce, sortit une télécommande de son sac et se positionna à côté de l'écran.

Non mais, je rêve ! pensa Taylor.

Pietra, dit-elle, je vous présente Lincoln Ross, Marcus Wade et Pete Fitzgerald. Vous connaissez déjà le Dr Baldwin, je pense.

Pietra salua chacun d'entre eux d'un sourire et d'un hochement de tête.

— Très bien. Maintenant, si vous êtes d'accord, je pense qu'on peut commencer.

Taylor se tourna vers l'écran en faisant comme si elle ne sentait pas les flèches décochées par le regard féminin au bout de la table.

L'emblème du FBI s'afficha dans toute sa splendeur dorée. Pietra appuya sur la télécommande, et Taylor eut l'impression de faire un bond en arrière. Les images étaient quasiment les mêmes qu'à son interview télévisé de lundi. Etait-ce le FBI qui avait préparé le diaporama pour la chaîne ? On lui avait demandé de repasser aux informations ce soir ; elle avait refusé. Elle n'avait rien de nouveau à dire, si ce n'est qu'une autre fille était portée disparue. De toute façon, si on ne retrouvait pas Jane Macias avant ce soir, la ville entière serait au courant de sa disparition. Passer à la télé pour émettre des suppositions au sujet d'une nouvelle victime potentielle, non merci.

Après dix minutes de réchauffé, on arriva enfin au vif du sujet. A ce moment-là, Charlotte se leva, s'avança jusqu’au fond de la salle et prit la télécommande à sa collègue.

— Merci, Pietra. Je prends la suite.

Taylor croisa le regard de John ; il roula les yeux pour lui dire qu'il pensait la même chose qu'elle. Charlotte Douglas méritait bien sa réputation.

Une image blanche s'afficha, divisée en deux écrans. Taylor reconnut les graphiques bleus et blancs : c'étaient des séquences ADN.

— L'ADN de votre suspect actuel ne correspond pas à celui du tueur surnommé Blanche-Neige.

Enorme surprise, pensa Taylor. On savait déjà que c'était un imitateur.

— Après analyses complètes, rien n'indique que le tueur actuel soit un parent, même lointain, de Blanche-Neige. Toutes les spéculations quant à cette possibilité peuvent être mises de côté.

De quelles spéculations parle-t-elle ? se demanda Taylor. Personne de son équipe n'enquêtait sur cette possibilité.

Une nouvelle image s'afficha. Une carte des Etats-Unis, portant des points rouges à quatre endroits : Los Angeles, Denver, Minneapolis et New York. Taylor se pencha en avant.

— Comme vous le voyez à l'écran, notre base de données a identifié plusieurs groupes. A l'intérieur de chaque groupe, une série de meurtres a été commis. Sur chacune des scènes de crime, on a prélevé des échantillons d'ADN.

Taylor sentit son cœur s'accélérer. Cette fois, quand elle croisa le regard de John, elle ne vit que de l'inquiétude,

— Les profils ADN de toutes ces scènes de crimes sont rigoureusement identiques. C'est le même homme qui a commis les séries de meurtres dans ces quatre régions. Ce tueur n'a pas été appréhendé, les crimes n'ont pas été élucidés.

Charlotte fit un zoom avant pour montrer les détails relatifs à chacune des régions. Quatre meurtres à Los Angeles, six à Denver, cinq à Minneapolis, trois à New York. Dix-huit meurtres confirmés au cours des dix-huit derniers mois. Taylor comprit subitement ce qui allait suivre, et se crispa. Nom de...

Une carte de Nashville apparut à l'écran. Quatre points rouges y brûlaient comme des yeux diaboliques.

— Ces quatre meurtres à Nashville sont directement liés aux dix-huit autres. Vous n'avez pas seulement affaire à un imitateur, mais à un tueur en série incroyablement prolifique, qui a fait des victimes dans cinq Etats différents. Les résultats de la CODÏS sont incontestables. Son mode de fonctionnement est clair. Il est très probable qu'il va passer dans un autre Etat et tuer d'autres jeunes femmes ailleurs, si vous ne l'arrêtez pas ici.

Le silence tomba sur la pièce. Charlotte les regarda l'un après l'autre en finissant par Taylor. J'ai gagné, disait son regard. Taylor se demanda jusqu'où cette femme pouvait aller, et pourquoi elle avait gardé ces informations pour elle pendant si longtemps. Elle n'avait aucune raison de le faire ; le FBI avait besoin de leur collaboration. Il y avait autre chose là-dessous, Taylor en était certaine.

Marcus fut le premier à prendre la parole.

— Les meurtres commis avant ceux de Nashville indiquent-ils que le tueur imite le mode opératoire d'autres meurtriers ?

La présentation PowerPoint s'arrêta, et l'écran devint noir.

— Très bien, jeune homme, dit Charlotte. Un bon point pour vous.

 

 

 

 

 

 

 

 

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